ARNAUD ROYER - Guitare bretonne et du monde
GRIM en quatre lettres, tout comme noir est sa pochette. Une sobriété qui ne serait pas sans nous rappeler les images de ces gens costumés d’une certaine contrée. Noir grimé c’est la couleur de cette terre en vous ancrée. Tout çà se Kroaz . Au comptoir du bistro cette pochette vous l’ouvrez, et c’est ainsi que vous écoutez le nouvel album d’Arnaud Royer. Noir grimé comme l’effet d’une marée. Vous êtes emporté, parce que ce sont vos racines que la musique d’Arnaud est venue chercher. Noir grimé comme la roche sur laquelle vous êtes amarré. Vision d’une terre battue que vous foulerez pieds nus. C’est ainsi que vous suivrez le chemin de cette liberté. Monsieur Royer, vous voudriez bien nous donner la recette précise pour réaliser comme un grand feu de Chobedo ? Combien de cuillères à soupe de ci et de çà il nous faut ? Chobedo : recette explosive non pas d’un breton gâteau mais juste d’un FAR qui deviendrait notre credo ! Et c’est comme çà que vous transpercera le chant Soleda ! Une puissance au son de la tradition .. Pas de demi-tour pour cette chanson ! Votre corps se dispac’h. Il se fait tour à tour chantant et dansant, avec l’envie de dire "Soleda allons y, Soleda allez on y va !". A cet instant précis, votre corps n'a qu'une seule envie : ré-écrire sa vie. Puis vous vous enfoncerez dans le cri de Nuit .. Serait-elle teintée de Kroaz elle aussi ? Ou bien Blanche comme la note est celle-ci ? Basse, clavier et cette voix chaude vous accompagneront. "Nuit" comme un cri du cœur qui résonne. Nuit Talmadenn, ou le réveil des petits mortels. Et dès lors vous penserez que pour le temps d’une lumière nuit, vous rêveriez de tenter l’insomnie. Alors si vous aimez voyager , je ne peux que vous inciter à aller découvrir le superbe travail musical d’Arnaud. Des mots qui claquent, à la recherche d’ un langage primitif, où les termes de culture ,tradition, origine sont revisités. Un langage de la terre qui pourrait bien se faire la belle .. Babel. Voix, guitare, boucle, histoire et jeu de pieds sont convoqués dans le langage d’Arnaud Royer. Des liens de fraternité et de paternité sont également abordés dans ce que l’on pourrait désormais appeler "L’ Arche de Royer". Et si, au siècle dernier, Monsieur Epstein nous laissa ses plus beaux poèmes bretons, la musique de Monsieur Royer pourrait bien, aujourd'hui, en être le son ! Maintenant, dans votre petit appartement parisien, en boucle vous écoutez GRIM, rêvant à ce bleu devenu si lointain. Mais avec GRIM en main, tout va bien ! Vous pouvez envoyer valser tous vos chagrins ! Des paysages de l’enfance jusqu’aux images plus éloignées de contrées qu’à peine vous connaissez .. Avec GRIM c’est çà qui vous revient : une musique où souffle toujours un certain vent marin. Le corps est prêt à danser, à se repenser jusqu'à demain ! Chants de maïs et chants de blé, douceur foinnée, jusqu’ aux images d’une rue assoiffée aux pavés maintes fois foulés. Kroaz la couleur de cet album, et GRIM se fera Graal.
Elodie Huré (artiste)